Ombre assassine

Une table, des hommes discutent d’affaires, par mis eux une femme, superbe, que personne ne remarque.
Elle est là assise, Alana n’a même pas prit la peine de se déguiser, elle fait ça depuis toujours… Elle sait qu’elle ne se fera remarquée que lorsqu’elle le décidera et pour l’instant elle n’en a pas envie.

Oui, elle se fait oubliée depuis toujours, toute petite déjà elle faisait ça.
Elle mangeait la moitié du nouveau paquet de bonbons sous le nez de ses parents, en évitant tout contact, sinon la magie de la pseudo invisibilité se briserai, puis laissait le paquet, en évidence sur la table, saluait ses parents, comme si elle venait d’arrivée et n’était pas la depuis 5 minutes, puis attendait. Elle attendait, qu’on trouve le paquet, quelques secondes plus tard.
Elle attendait le courroux des parents tombant sur son frère, qui se défendait d’avoir rien fait, à raison, mais on ne pouvait accuser Alana, elle venait à peine de rentrer.
Elle souriait en montant dans sa chambre, la technique avait marché une fois de plus, ça servirai assurément plus tard.

Alana maîtrisait cette technique grâce à un jeu de comportements, il y a des faits et gestes qui font que l’on vous voit, sans pour autant que le cerveau vous remarque, on devient alors invisible, si le cerveau ne vous analyse pas, vous n’êtes pas vu… Dès qu’elle en avait marre, elle se rendait visible, elle pouvait aussi en une fraction de secondes, se faire remarquer de tous, sans ouvrir la bouche, sans avoir un comportement pourtant excessif.
Alana savait décider quand elle existait, et quand ce n’était pas le cas…

Elle se lève, toujours sans se faire remarquer, elle murmure quelque chose dans l’oreille d’un homme, pendant quelques secondes dans ce bar elle existe, puis elle disparaît à nouveaux…
Elle a recueillit les informations qui lui fallait.

Mille et un visages :

Une femme fait son entrée dans un des bars minables de Morroc, et aussitôt tous les regards se tournent vers elle.
On lève le nez de sa consommation, arrête son activité, plus aucun bruit dans le bar, on admire…
On admire l’aura qui se dégage d’elle, on admire son teint mat typique des habitants de Morroc. On contemple ses cheveux noirs, ses grands yeux marron à la lueur espiègle, et même son nez un peu trop grand apparaît comme un détail de plus à sa beauté, preuve qu’elle existe qu’elle n’est pas trop parfaite…
La plupart des hommes présents laissent leur regard se perdre dans son généreux décolleté…

Bien consciente d’être la source de tous les regards, elle reste à la porte d’entrée et, pendant qu’elle consume sa cigarette, se met à détailler la salle.
Son regard va de table en table, puis esquisse intérieurement un sourire, il est bien là, pourtant son manège ne s’arrête pas une seule seconde, personne ne peut remarquer pour le moment qu’elle a déjà repéré sa proie.
Une fois son tour de salle finie, elle ferme les yeux et savoure sa cigarette parfum cerise, celle qui laisse un goût de fruit dans sa bouche et de sucre sur ses lèvres.
Quand elle ouvre les yeux, c’est que sa cigarette est finit, alors elle sourit à un homme d’une trentaine d’années. Le genre d’homme qui a du fric et n’hésite pas à le montrer, se dit-elle.

Elle commence alors un petit jeu avec lui, tantôt elle le regarde et tantôt l’ignore.
Quand elle juge que ça suffit elle lui fait un grand sourire, et d’un petit geste de main, l’homme l’invite à sa table.
Ils entament alors une discussion, plus pour meubler le grand silence de la salle et d’oublier que tout le monde les regardent, que pour parler.
Elle sourit en voyant son hôte essayant d’enlever son alliance, « il est aussi discret qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine ».
Et puis les mots prennent enfin un sens, on ne meuble plus on parle vraiment, dans un grand sourire la demoiselle se présente: « Moi c’est Irina, dit-elle de sa voix suave.
_ Irina comme c’est joli, moi c’est Domi Rollot » Il attend que son nom fasse tilt, il est quand même une des plus grandes fortunes de Morroc… Mais aucune réaction ne traverse le joli minois d’Irina. Au moins elle ne me drague pas pour mon argent, pense-t-il naïvement.

La conversation continue, la salle petit à petit reprend son activité…
Quand Domi se penche pour embrasser Irina, celle-ci dévie légèrement sa tête pour lui murmurer qu’ils seront mieux dehors, de plus il doit y avoir des étoiles ce soir, mais avant tout de chose elle va se refaire une beauté, pendant ce temps là Domi en profite pour payer leur consommations.
Quand elle sort des toilettes, elle porte un rouge à lèvres couleur carmin, qui donne à Domi, et à bien d’autres personnes, une furieuse envie de l’embrasser.
Main dans la main, ils quittent tous les deux cette salle où encore bien des regards sont posés sur Irina, où elle est omniprésente, et sortent dans la fraîcheur de la nuit…

Ce n’est pas innocemment qu’Irina a glissée sa main dans celle de Domi, non, c’est qu’elle est en train de devenir inexistante à l’esprit des gens. Mais le contact qu’ils ont tous les deux, lui permet d’être toujours présente à ses yeux.
Ils s’arrêtent, dans une ruelle un peu reculée, pour s’embrasser. Cette ruelle arrange Domi puisqu’il n’aimerait pas être surpris en plein adultère, mais également Irina. En effet, si vous voyez quelqu’un embrasser du vide, soit vous pensez que c’est un débile certainement ivre, soit qu’il y a un problème, et elle préférerait éviter tout problème.
Commence alors un long baiser, auquel Irina décide d’y mettre un terme quand Domi commence à vraiment trop la tripoter.

« Je préfère te prévenir, ton cœur qui s’accélère ce n’est ni l’excitation de commettre un adultère, ni le baiser…
Juste que le poison qui était sur mes lèvres est maintenant remonté jusqu'à ton cœur, il doit te rester approximativement deux minutes à vivre. » Sur ces paroles glaciales elle allume une cigarette.
« Enfin, n’espère pas que je m’empoisonne moi-même, j’ai fait il y a bien longtemps un sevrage de ce poison. »

Alors Domi part en courant, appelle à l’aide, explique qu’il va bientôt mourir si on ne fait rien. De toute façon, songe Irina, personne ne peut rien faire tu es déjà condamné.
Il commence à décrire son bourreau, mais personne ne la voit. Il insiste un peu, en parlant très vite, mâchant à moitié ses mots, l’angoisse de mourir, « mais si, c’elle qui fume là », et du doigt pointe l’emplacement d’Irina.
Quelqu’un dit alors qu’il doit être en train de délirer et toute la foule l’approuve.
Chaque seconde qui passe voit la foule s’agrandir, c’est qu’on ne voit pas tous les jours quelqu’un mourir, alors chacun contemple les derniers instants de la vie de Domi Rollot.
Irina quant à elle tourne les talons, elle se contrefiche de le voir mourir, sa mission est accomplie.

Une demi heure après, c’est quasiment tout Morroc qui contemple le cadavre de Mr Rollot, dont son beau-frère et sa veuve.
Une femme blonde, à la peau très pale, un tatouage de papillon aux ailes repliées dans le cou, s’avance près du beau frère et lui chuchote dans le creux de l’oreille « Mission accomplie ». Elle prend le temps de détacher chaque syllabe pour que ses mots soient encore plus forts, traînant ses « s » en longueur comme elle l’avait fait la dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés pour commander le meurtre…
« Mon dieu, Amélia, c’est vous ? Un vrai caméléon, vous ne ressemblez absolument pas à la dernière fois ! » Sur ces dires il lui glisse une enveloppe dans la main.
Irina/Amélia/Alana ne prend même pas la peine de compter si l’enveloppe contient bien la somme exacte, personne ne cherche à arnaquer une tueuse, trop peur du résultat que cela pourrait donner.
Elle hausse les épaules avant de répondre : « En effet, je suis un caméléon, si un jour je vous tue, vous ne sauriez même pas que je suis celle que vous avez employé un jour. »
Elle tourne les talons, laissant la riche veuve et son frère.

» Ombre de sang